Cet article est une retranscription la plus fidèle possible de l’article publié le 18 mai 2022 sur le site de TRANSPARIMED. Il était important de ne pas déformer les propos. Il émane d’un récent report de Health Action International et TRANSPARIMED. TRANSPARIMED a été créé par Till BRUCKNER en 2017. Le financement provient de subventions de recherche individuelle accordée à son fondateur par HEALTH SENSE (ancien HEALTH WATCH). Depuis 2022, il bénéficie aussi d’un financement de l’organisation britannique à but non lucratif, Consilium Scientific, qui défend l’intégrité de la recherche clinique, la transparence et la rigueur méthodologique. Le fondateur ne déclare pas de conflit d’intérêt avec des clients pharmaceutiques ou de dispositifs médicaux.  TRANSPARIMED collabore sur ces enjeux avec de nombreux partenaires français, européens et internationaux listés sur le site dans la rubrique « about ».

 

Au début de la pandémie, les gouvernements du monde entier ont imposé diverses restrictions, notamment le confinement à domicile, la fermeture d’écoles ou d’entreprises. Plus de deux ans plus tard, malgré des milliards de personnes dans le monde qui ont été touchées, il y a encore une incertitude considérable quant aux avantages et aux inconvénients de ces mesures. Pourquoi y a-t-il si peu de preuves solides ?

 

Avertissements précoces

Au cours des deux dernières années, de nombreux débats politiques houleux ont porté sur les interventions non pharmaceutiques (INP) : lesquelles devaient s’imposer et à quels moments. Cependant, il y avait souvent peu ou pas de preuves robustes provenant d’essais contrôlés randomisés sur lesquels les décideurs (ou leurs critiques) pouvaient s’appuyer. Des préoccupations sur le niveau de preuve faible pour la santé publique de certains INP ont été avancées au début de la pandémie (comme ici à REINFOCOVID, NDLR), ainsi que des appels urgents à une recherche plus approfondie et meilleure.

 

Où sont les essais?

Néanmoins, deux ans après le début de la pandémie, seuls 57 essais randomisés évaluant les interventions non pharmaceutiques (INP) avaient été enregistrés. Environ la moitié de ces essais INP ont porté sur seulement deux INP : équipements de protection et programmes d’information ou d’éducation.

En février 2022 , seuls 11 essais INP avaient été publiés. Une recherche publiée de la Fondation Cochrane au sujet des INP visant à réduire le risque d’infection à Covid en dehors des établissements de santé n’a trouvé en mai 2022 qu’un seul essai pertinent. En revanche, plus de 300 essais pour le médicament hydroxychloroquine seul et plus de 4 000 essais cliniques liés au COVID-19 dans l’ensemble avaient été enregistrés à ce moment-là (notez que les études interventionnelles de type «traitements comportementaux» sont pourtant explicitement incluses dans la définition des essais cliniques). Seulement 4% du financement mondial de la recherche sur le COVID19  a été affecté à la recherche de mesures de santé publique.

 

Où étaient les bailleurs de fonds de recherche?

La responsabilité incombe principalement aux gouvernements qui ont généralement implémenté des mesures dans tous les domaines au lieu d’initier des essais randomisés pour générer des preuves solides avant de les déployer. En outre, les bailleurs de fonds de la recherche – dont beaucoup sont des organismes publics – semblent avoir négligé d’encourager et de financer la recherche pertinente.

 

Impact négatif sur la santé mondiale

L’incapacité à générer des preuves solides sur les INP a probablement eu un impact négatif majeur sur la santé mondiale et sapera les réponses aux futures pandémies. L’OMS a soutenu qu’une prise de décision fondée sur des preuves est essentielle pour garantir que la charge d’intervention des INP ne l’emporte pas sur leurs avantages, mais a conclu qu’il y avait toujours un manque d’études au sujet des ratios risque / bénéfice de ces INP. De même, un récent examen de l’OCDE émanant de 67 évaluations gouvernementales a conclu que les questions relatives à la proportionnalité et à la cohérence des politiques sont encore largement sous-explorées.

Les enseignements tirés de l’épidémie de COVID par les décideurs politiques afin de prévoir la prochaine pandémie ne parviennent pas à faire émerger un fort consensus scientifique selon lesquels les INP auraient un ratio bénéfice-préjudice positif, pour quelle type de population et dans quel contexte, à moins que les preuves disponibles actuellement ne soit soigneusement synthétisées.

 

Où sont les décideurs (publics, NDLR) ?

Maintenant que les INP sont abandonnées dans la plupart des pays, il existe un danger aigu que cet échec de la recherche soit oublié jusqu’à la prochaine pandémie. Alors qu’un groupe de travail discret financé par l’OMS est actuellement en train de travailler sur le niveau de preuve sur les INP, il ne semble actuellement pas y avoir d’initiative politique de haut niveau favorisant la génération de preuves solides sur ces INP. La Commission européenne devrait former un groupe de travail pour élaborer des recommandations réalisables à l’intention des organismes européens et des gouvernements nationaux sur la manière de générer et de synthétiser des preuves solides sur les INP.

 

Conclusions

Ce constat est particulièrement important dans le contexte mondial où le philanthrope BILL GATES entend répondre par le création d’une organisation permanente , qu’il a déjà appelé GERM, et dont le but serait de

  • détecter en temps réel des « flambée potentielles »
  • déclarer l’état de pandémie
  • travailler avec les gouvernement nationaux et la banque mondiale pour collecter des dons
  • conseiller les gouvernements et les entreprises sur les médicaments et les vaccin prioritaires
  • déterminer comment mettre en œuvre les fermetures des frontières et l’utilisation de masques

 

Références

TRANSPARIMED

https://www.transparimed.org/about

https://www.transparimed.org/single-post/non-pharmaceutical-interventions-during-covid-glaring-evidence-gaps

 

Mesures de santé publique pour la covid-19, BMJ 2021;375:n2729

https://www.bmj.com/content/375/bmj.n2729

 

OMS

Renforcer la base factuelle des décisions sur la santé publique et les mesures sociales, Bull World Health Organ. 1er septembre 2021; 99 (9): 610–610A

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8381089/

 

OCDE

Réponses de l’OCDE à Coronavirus (COVID-19)

Premières leçons des évaluations gouvernementales des réponses COVID-19: une synthèse

21 janvier 2022

OCDE https://www.transparimed.org/about

 

Bill Gates is building a pandemic response team, GERM TEAM

https://thecountersignal.com/bill-gates-germ-team/

 

Covid-19 : « J’ai dépensé des milliards sur les vaccins pour sauver des millions de vies », réagit Bill Gates

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/bill-gates-jai-depense-des-milliards-sur-les-vaccins-pour-sauver-des-millions-de-vies_5122819.html