Depuis l’apparition du SARS-CoV2 et de la maladie associée, le COVID, de nombreuses mesures ont été prises pour essayer de limiter les contaminations de masse.

La première qui vient à l’esprit est évidemment le confinement avec la possibilité de sortir si on se signait soi-même une attestation. Mais il y en a eu d’autres comme l’interdiction de consommer debout dans les lieux de restauration et débit de boissons, ou l’obligation de marcher en permanence si l’on souhaite se rendre sur les plages. L’Histoire nous dira si ces mesures étaient absurdes, liberticides, guignolesques, ou tout à la fois.

 

Cependant, une mesure a été souvent demandée : la mise en place de ventilation, de purificateurs d’air.

Le but était de diminuer la charge virale de l’air et d’ainsi, théoriquement, diminuer les risques de contamination. De protéger les gens du COVID.

Le coût de ces demandes est évidemment très significatif et ainsi la question de l’efficience de la dépense se pose naturellement.

 

 

Une étude [1] cherchant à mesurer l’impact des purificateurs sur les contaminations du SARS-CoV2, en école maternelle en Allemagne, a été publiée en octobre 2023.

Les résultats sont assez surprenants.

 

Mais revenons d’abord sur les informations scientifiques et moins scientifiques concernant les bénéfices de la purification de l’air pour protéger du COVID, pour réduire les contaminations.

 

 

Mesure de l’efficacité de l’aération et de la purification

 

La très grande majorité, pour ne pas dire la totalité, des études proposées sur le sujet de la purification de l’air contre le COVID n’étaient que des modélisations mathématiques et informatiques. Elles montraient souvent de magnifiques images pleines de couleurs qui montraient la disparition des virus grâce à la ventilation ou un purificateur.

Ces modélisations sont en fait, et simplement, un ensemble d’équations mathématiques complexes dont les paramètres sont fixés par les expérimentateurs. [2]

 

Le problème majeur des simulations mathématiques, surtout en biologie, est le choix des paramètres initiaux qui sont utilisés dans les formules de calculs. De ces paramètres dépendent le résultat de la modélisation. Le changement d’un seul paramètre peut inverser le résultat.

Dans le cas présent, toutes les simulations cherchant à mesurer l’efficacité des purificateurs supposent, et donc utilisent dans leurs équations, que la charge virale dans l’air du SARS-CoV2 est très grande.

Certaines publications partent du postulat que le mucus peut contenir jusqu’à 1011 virus/mL. [3]

Ce chiffre est totalement inventé et ne repose sur aucune base légitime.

 

En effet, de très nombreuses études ont cherché à évaluer l’excrétion virale de malades confirmés du COVID. [4] La quantité de virus émise par les malades reste faible. Il est donc impossible d’obtenir des charges virales aussi fortes. D’autant plus dans des endroits comme une salle de classe ou un bureau qui ne compte souvent pas de malades.

 

En fait, une grande partie de ces simulations ne discutent même pas du virus. Parfois, le terme de virus n’apparait que dans l’introduction pour valider qu’il s’agit d’une étude sur le COVID. C’est-à-dire que ces simulations ne discutent que de la répartition de particules plus ou moins grosses dans l’air en faisant croire qu’il y aurait une corrélation avec la charge virale de l’air et donc le risque de contamination.

 

Les résultats de ces simulations mathématiques de laboratoire montrent toujours une efficacité très importante de la purification ou de l’aération.

Toujours.

 

 

 

La mesure du niveau de CO2 pour lutter contre la transmission du COVID

 

D’autres indicateurs ont été trouvés, choisis pour évaluer les risques de contamination par le COVID.

Notamment le CO2.

Le CO2 est naturellement produit par la respiration. Dans un environnement clos accueillant du public, le taux de CO2 va donc augmenter naturellement. Notamment si la ventilation de la salle est faible.

 

Le postulat apparu depuis le COVID, mais qui n’existait pas avant pour les autres infections respiratoires, est que la concentration de CO2 serait reliée au risque d’infection. Partant de ce principe, il est affirmé que la mesure du taux de CO2 dans l’air ambiant est un bon indicateur de la qualité de l’air et donc du risque de contamination.

 

Ainsi un capteur CO2 judicieusement placé indiquerait le niveau de risque de transmission d’agents pathogènes par la respiration. Il serait donc important pour la santé de surveiller le taux de CO2 à l’intérieur d’une pièce.

Il est évident qu’il n’y a aucune base scientifique rationnelle.

Si vous placez, par exemple, 30 élèves en pleine forme dans une classe, l’évolution du taux de CO2 sera évidemment la même que si la classe contient 30 malades du COVID.

 

L’achat de détecteur de CO2 semble donc une dépense inutile pour diminuer les risques de contaminations virales.

 

 

Les fabricants de purificateurs

 

De nombreux fabricants se sont lancés dans la vente de purificateurs contre la « pandémie » de COVID. Il est difficile de leur en vouloir. Les industriels cherchent à gagner de l’argent en répondant à un besoin.

Il y a même eu des purificateurs individuels à se mettre autour du cou.

Comment imaginer qu’un dispositif de ce type protège de germes, des virus potentiellement présents dans l’air ?

 

Certains fabricants ont été contactés par mail pour obtenir des informations scientifiques, en d’autres termes, les résultats de diminution de la charge virale de l’air obtenue par leurs appareils ou la réduction du nombre de contaminations dans les environnements traités.

Les réponses ont toujours été les mêmes : « nous n’avons pas de résultats en vie réelle, uniquement des simulations de laboratoire »

Effectivement, ils avaient réalisé des mesures sur des pièces de petites tailles, totalement fermées donc dépourvues de flux d’air et avec des charges de virus très importantes pour suivre facilement l’évolution. Il ne s’agissait pas souvent de virus humains mais plutôt de bactériophages pour des raisons probablement techniques et de coûts.

 

En résumé, des conditions très éloignées de la vie réelle.

 

Pourtant, malgré l’absence de mesures en vie réelle, les fabricants ont réussi à vendre leurs purificateurs pour équiper des zones comme des aéroports.

A ce jour, les aéroports qui ne sont pas équipés ne semblent pas infecter plus leurs voyageurs…

 

En résumé, les fabricants contactés ne sont pas en mesure de montrer le gain apporté par leur appareil sur la charge virale de l’air.

Malgré les coûts d’achat très élevés et l’absence de preuves d’utilité sur les infections, les ventes sont nombreuses…

 

 

Mesures en vie réelle

 

L’étude en question [1] est, selon les auteurs, la première étude à ce jour à évaluer l’impact des filtres HEPA sur l’incidence réelle du COVID. Cela confirme les informations précédentes sur l’absence de données.

Il s’agit en effet d’évaluer l’efficacité épidémiologique des filtres HEPA dans un contexte réel, en mesurant le nombre de cas (la prévalence) dans les écoles maternelles avec et sans filtres à air.

L’hypothèse était la suivante : si les filtres HEPA sont efficaces, le nombre de cas sera plus faible dans les écoles équipées des purificateurs que dans les écoles non-équipées.

 

Les appareils de filtration utilisés comprenaient

  • un préfiltre grossier
  • un filtre HEPA H13
  • un filtre à charbon actif
  • un plasma
  • un filtre photocatalyseur de dioxyde de titane
  • une lumière ultraviolette-C

 

Le fabricant indique fièrement une élimination de 99,9% de tous les virus, bactéries, aérosols, pollens, allergènes, poussières et spores de moisissures.

 

L’étude porte sur 10 écoles, soit 663 enfants et 147 personnels dans le groupe avec filtration et 22 écoles, soit 1697 enfants et 374 adultes dans le groupe contrôle. L’ensemble des écoles était dans une zone qui avait des incidences COVID similaires.

 

Les résultats montrent une prévalence (nombre de cas rapportés pour 100 individus) qui est plus importante dans le groupe utilisant les purificateurs. Aussi bien au niveau des enfants qu’au niveau du personnel.

Sans toutefois que la différence soit considérée comme significative.

 

En résumé, les purificateurs ne montrent aucune efficacité pour la protection contre la contamination par le SARS-CoV-2.

 

Les chercheurs concluent qu’ils trouvent leur découverte assez surprenante, car, disent-ils, diverses études expérimentales ont démontré l’efficacité des filtres HEPA pour réduire les concentrations d’aérosols dans les pièces fermées.

Comme toujours, il y a un amalgame fait entre les aérosols et la présence de virus, la charge virale. Comme si les 2 devaient être reliés et corrélés.

 

L’étude n’est sûrement pas parfaite. Les paramètres d’utilisation sont très nombreux. Cependant il est difficile d’imaginer comment une meilleure maitrise des purificateurs pourraient montrer une efficacité significative sur les contaminations.

 

Pour certains, cette étude n’est pas fiable !

Car les purificateurs n’auraient pas été correctement réglés, correctement utilisés !

 

Vous vous rappelez pour les masques ?

Les études ne montraient pas d’efficacité car les gens les portaient mal…

 

 

 

[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37518080/

[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33793301/

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33793301/

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32047895/