Les journaux qui en parlent sont enthousiastes. [1]
Ils annoncent un nouveau nanovaccin administré sous forme de pulvérisateur nasal. L’étude mise en avant affirme que ce nouveau vaccin s’est avéré efficace contre tous les principaux variants de COVID-19. [2]
Avant de rentrer dans le détail de l’étude, il faut faire un point de situation concernant le COVID et par conséquent la nécessité de vacciner la population.
En novembre 2024, il n’existe plus aucun suivi de la mortalité du COVID accessible au public en France. Santé publique France a considéré, dès la mi-2023, que ce suivi n’était plus pertinent au regard du très faible nombre de personnes décédant du COVID. Le nombre étant non significatif. Il en a été de même pour les hospitalisations qui étaient, elles aussi, devenues trop faibles pour être pertinentes.
Selon l’OMS, sur les 12 derniers mois, au niveau mondial, il y a eu environ 60000 décès attribués au COVID soit une mortalité de 0,00075%. Pour donner un point de comparaison, la tuberculose est 20 fois plus mortelle que le COVID.
Avec une mortalité aussi faible, il convient de se poser la question de la pertinence de développer de nouveaux vaccins contre des variants qui ont un impact aussi minime sur la santé de la population mondiale.
Analysons maintenant cette publication vantant ces nouveaux vaccins.
Crédibilité de la publication
Dès le début de l’article, les auteurs mettent en avant les quelques 14 milliards de doses de vaccins administrés depuis 2021 contre le COVID.
Evidemment ils affirment aussitôt que ces vaccins ont joué un rôle « primordial » contre l’infection. Cela reste malheureusement une affirmation gratuite puisqu’il n’y a aucune bibliographie pour la soutenir. Les auteurs n’ont rien trouvé pour soutenir leurs affirmations.
Les auteurs perdent une partie, ou totalité, de leur crédibilité si on regarde simplement les chiffres rapportant les cas (ici pour l’Europe qui a pratiqué la vaccination intensive).
Comme on pouvait s’y attendre, les auteurs affirment aussi que les vaccins contre le COVID ont « contrôlé la gravité de la maladie ».
Ils précisent que « les vaccins actuels COVID-19 induisent des réponses cellulaires robustes, conduisant à une efficacité élevée contre les maladies sévères ».
Mais évidemment, les auteurs ne donnent aucun chiffre.
Cependant les informations fournies par les autorités de santé, comme SPF par exemple, sur le nombre de mort, montrent le contraire.
Les auteurs montrent un enthousiasme qui n’est pas validé par la réalité des chiffres officiels.
Les auteurs expliquent aussi que leur nouveau vaccin, qui se stocke à température ambiante a des avantages sur les vaccins ARNm en faisant croire, à partir d’une publication de 2021, que les vaccins ARNm doivent être stockés à -80°C.
Cette affirmation est obsolète, car en 2024, cela fait bien longtemps que ce n’est plus la réalité. La crédibilité des auteurs semble très fragile.
Efficacité du vaccin nasal
Les auteurs affirment que leur vaccin « génère une réponse antiSARS-CoV-2 protectrice ».
Le nanovaccin utilisé apporte directement les peptides antigéniques, choisis in-silico, qui seront présentés par le CMHI et le CMHII des cellules dendritiques notamment pour initier la réponse immunisante.
Les tests sont faits in vitro et sur un modèle animal (souris) uniquement.
Les résultats sont les suivants : la vaccination par 2 doses provoque une réponse immunitaire aussi bien cellulaire qu’humorale, notamment IgA.
En résumé, les auteurs viennent de nous prouver que l’introduction d’un antigène, connu pour être immunogène, permet le développement d’une réponse immunitaire.
Il n’y a rien de nouveau puisque c’est écrit dans tous les livres d’immunologie, y compris ceux des lycéens.
Les auteurs ont testé les souris vaccinées après 74 jours. Mais uniquement avec des peptides viraux et adjuvants pour « mimer le virus ».
Les résultats sont les suivants : une réponse immunitaire forte.
En résumé, les auteurs viennent de nous prouver que la mémoire immunitaire existe.
Il n’y a rien de nouveau puisque c’est écrit dans tous les livres d’immunologie, y compris ceux des lycéens.
Pour finir, les auteurs ont infecté les souris vaccinées avec le virus SARS-CoV-2. Mais ils n’ont pas évalué la protection contre la mortalité ou les formes graves.
Non !
Uniquement les marqueurs de la réponse immunitaire comme l’évolution de la concentration d’anticorps.
Conclusion
Un vaccin nasal semble effectivement une bonne idée pour une infection respiratoire aigüe comme le COVID. En effet, sensibiliser les défenses immunitaires des muqueuses respiratoires, induire des immunoglobulines IgA capables de neutraliser les virus avant l’infection semblent plus pertinent que d’injecter un antigène dans un muscle de l’épaule.
Cependant, comme pour les autres vaccins, il faut déterminer son efficacité vaccinale (VE) sur la mortalité, sur les formes graves avant de le propulser dans les médias.
Ici, et comme c’était le cas pour les vaccins COVID, les tests ont porté principalement sur la mesure du taux d’anticorps et sur d’autres marqueurs de la réponse immunitaire.
Les résultats montrent qu’une réponse immunitaire autant humorale que cellulaire se met en place.
Malheureusement, cela ne peut pas être extrapolé sur l’efficacité vaccinale (VE).
La Haute Autorité de Santé le confirme dans ses documents scientifiques :
« les titres d’anticorps neutralisants ne peuvent toutefois pas être directement extrapolés à la protection conférée par la vaccination. » [3]
Mais ce type de vaccin a aussi l’avantage de pouvoir être réalisé sans intervention sur le patient. Aucune piqure nécessaire. Pas besoin de toucher le patient avec une aiguille.
Ce type de vaccination peut donc se faire à distance, simplement par pulvérisation du produit dans l’air, ce qui pose des questions éthiques évidentes, dans le but de vacciner des gens récalcitrants.
[1] https://phys.org/news/2024-11-nano-vaccine-nasal-spray-effective.html
[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39116324/
[3] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/rapport_evaluation_place_des_vaccins_cominarty_bivalents_original.omicron_ba.1_et_origninal._omicron_ba.4-5.pdf