La publication de GAUTRET et al de 2020 [1] est l’une des publications les plus citées sur le sujet : l’hydroxychloroquine.
Peut-être la plus citée, disent certains.
La polémique est présente depuis le début, depuis sa parution.
Alors, se pose la question de comprendre pourquoi la rétractation n’est pas intervenu plus tôt si la fraude est si grave.
4 ans, c’est long !
Pour l’étude MEHRA [2] du Lancet qui affirmait une toxicité de 25 % de l’HCQ, il n’avait fallu que 2 jours pour montrer la fraude et 2 semaines pour sa rétractation…
Examinons les motifs de cette rétractation en n’oubliant pas que GAUTRET et al n’ont tiré aucun avantage financier ou de carrière en exposant leurs résultats, bien au contraire. [3]
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Préambule
« Des préoccupations ont été exprimées au sujet de cet article, dont le contenu se rapporte au respect par les articles des politiques d’éthique de publication d’Elsevier et à la conduite appropriée des recherches impliquant des participants humains, ainsi qu’aux préoccupations exprimées par trois des auteurs eux-mêmes au sujet de la méthodologie et des conclusions de l’article. »
Le préambule de l’explication nous indique clairement que 3 auteurs « se préoccupent de la méthodologie et des conclusions ».
Ces auteurs ont toutefois validé l’article au moment de sa publication.
Partant de ce constat, il est normal de souligner que ces 3 auteurs avaient eux-mêmes validé la méthodologie et les conclusions de cet article.
Personne ne peut penser qu’ils seraient suffisamment incompétents pour signer un article sans le lire, sans le comprendre et sans le valider.
De fait, ils doivent assumer leur signature.
Mais admettons qu’ils se soient trompés !
Errare humanum est, perseverare diabolicum
Admettons…
Continuons la lecture pour découvrir la nature et le fondement de leur « préoccupations »
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« L’expert impartial »
Pour soutenir la rétractation, ils ont fait appel au Dr Jim GRAY, consultant en microbiologie aux hôpitaux pour enfants et femmes de Birmingham, au Royaume-Uni.
Il fait partie de la British Society for Antimicrobial Chemotherapy.
Il est présenté comme un expert.
Un expert impartial !
Visiblement, il ne fait pas partie des membres notables de cette association.
Sur le site, on trouve une fiche à son nom. Malheureusement sa fiche ne nous donne que peu d’informations. Et aucune sur ses qualifications en éthique.
Ou encore ses publications scientifiques.
Il faut remarquer que cette association, dont semble faire partie le Dr Jim Gray, a cité la publication de M GAUTRET et al sans jamais montrer la moindre préoccupation d’ordre éthique ou méthodologique.
Mais rentrons dans le vif du sujet : les raisons de la rétractation.
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L’éthique
Le premier point mis en avant est celui de l’éthique.
Il est évident que le choix de mettre ce point en avant n’est pas anodin. Il est normalement logique de mettre en avant le point qui est considéré comme le plus important. Celui qui suffit à montrer que la publication est indigne et qu’elle doit être rétractée.
« La revue n’a pas été en mesure de confirmer si l’un des patients de cette étude était recruté avant que l’approbation éthique n’ait été obtenue. Les dates d’approbation éthique de cet article sont indiquées comme étant les 5 et 6 mars 2020 (ANSM et CPP respectivement), tandis que l’article stipule que le recrutement a commencé au début du « mars ». »
Il est ici question de savoir si des patients ont été inclus dans l’étude avant l’obtention de l’approbation éthique entre le 1 mars et le 5 mars.
Chacun jugera comme il l’entend mais il est évident que cela n’a pas d’influence sur les résultats de l’étude et que surtout cela ne met pas en danger non plus les patients qui ont reçu ce traitement.
Mais cette question ne semble pas pertinente puisque « Le Pr Philippe Brouqui a confirmé que la date de début de recrutement des patients était le 6 mars 2020. ».
Et c’est aussi marqué clairement dans l’article.
Il est donc évident que cette façon de faire est diffamante.
Ces critiques et questionnement sont extrêmement faibles mais surtout ils ne remettent pas en cause la conclusion.
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Pas assez de temps pour faire l’analyse !
Ensuite, la revue, par l’intermédiaire de Jim Gray, « l’expert impartial », déplace alors le problème pour laisser sous-entendre que les auteurs mentent, car il n’y aurait pas eu assez de temps pour analyser les résultats et écrire l’article.
Il est aussi évident que cette façon de faire est diffamante.
Mais surtout, on est en droit de se demander pourquoi la revue et son « expert impartial » pensent impossible d’analyser les résultats en si peu de temps. Visiblement, ils ne s’en sentent pas capables.
Ils ne se sentent pas capables d’analyser les résultats de seulement 42 patients dont le suivi a été de seulement 7 jours et qui repose sur seulement une mesure de la charge virale.
De plus, l’analyse repose sur ce type de graphique :
Des gens compétents et expérimentés n’ont pas besoin de plusieurs mois, ni de plusieurs semaines pour analyser ce type de données et d’en proposer une conclusion.
Il est évident que ces critiques sont extrêmement faibles mais surtout elles ne remettent pas en cause la conclusion de l’étude.
En revanche, elles remettent en cause l’impartialité et les compétences d’analyses de la revue et de son « expert impartial ».
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Consentement éclairé pour de l’Azithromycine
Comme la revue et son « expert impartial » sont conscients qu’ils n’ont toujours rien apporté de suffisamment solide pour légitimer la rétractation, ils se tournent maintenant vers, selon eux, une autre problème « éthique »
« La revue n’a pas été en mesure d’établir si les sujets de cette étude auraient dû donner leur consentement éclairé à recevoir de l’azithromycine dans le cadre de l’étude. »
Il est difficile de garder son sérieux quand on lit cette critique.
L’azithromycine est un des antibiotiques les plus utilisés au monde, notamment sur les infections respiratoires. Les médecins généralistes en donnent quotidiennement, notamment sur les infections respiratoires.
Jamais aucun médecin n’a demandé la signature d’un document de consentement éclairé à ses patients quand il leur prescrit de l’azithromycine.
Cet argument, cette critique est encore plus faible que les précédentes mais surtout elle ne remet pas en cause la conclusion.
On sent clairement l’errance de la revue et de « l’expert impartial » à trouver des arguments…
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L’azithromycine n’est pas pertinente.
Pourtant l’expert continue dans la même voie !
SA voie !
En effet le Dr Jim GRAY semble être un spécialiste (au regard de ses rares publications) des pneumocoques.
« L’azithromycine n’aurait pas été un agent logique à utiliser comme prophylaxie de première ligne contre la pneumonie en raison de la fréquence de la résistance aux macrolides chez les bactéries telles que les pneumocoques. »
Les certitudes du Dr Jim GRAY sont totalement contredites par les informations fournies par le VIDAL [4] ou encore la SPILF [5].
Malheureusement, même Wikipédia ne peut pas le cacher et invalide aussi les propos de Jim GRAY : « L’azithromycine est utilisée pour le traitement des infections des voies respiratoires et en prophylaxie pulmonaire »
De plus, le Pr Philippe Brouqui, auteur de l’étude, « a attesté que le traitement par azithromycine n’était pas, au moment de l’étude, un traitement expérimental mais un traitement contre les surinfections bactériennes de la pneumonie virale qui ne nécessiterait pas de consentement éclairé. »
Encore une fois les arguments, les critiques faites sont totalement déconnectés de la réalité.
Mais, une fois encore, cette critique infondée et contraire à la pratique médicale ne remet pas en cause la conclusion.
Toujours pas…
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Trois auteurs affirment avoir des préoccupations
« M. Johan Courjon, Valérie Giordanengo, et Stéphane Honoré ont contacté la revue pour affirmer qu’il avait des préoccupations concernant la présentation et l’interprétation des résultats dans cet article. »
La signature d’un article certifie que le signataire valide l’ensemble de l’étude. Il certifie que l’ensemble des données sont vérifiées et validées. Que l’ensemble des informations sont vérifiées. Que les méthodes utilisées sont justes et n’interfèrent pas avec le résultat.
La signature valide aussi les conclusions.
Leur signature implique qu’ils ont tous les 3 vérifié et validé.
Entre leur signature et la date de la rétractation, il n’y a eu aucun changement sur le fond.
Tout ce qu’ils ont validé n’a pas été modifié.
La question se pose désormais de savoir pourquoi l’étude, qu’ils ont validé par leur signature, ne leur plait plus maintenant ?
- Soit ils ont menti au moment de la signature sur le fait qu’ils avaient vérifiés, auquel cas il perdent leur crédibilité scientifique et leur avis ne compte pas beaucoup.
- Soit ils sont incompétents, auquel cas ils perdent leur crédibilité scientifique et leur avis n’a aucun intérêt.
Mais il existe une 3eme possibilité. Mais nous n’en parlerons pas pour rester sur des considérations purement scientifiques. En effet, il ne sera pas évoqué les pressions qui sont exercées sur les personnels de l’IHU, les menaces vis-à-vis de leur carrière qui leur sont faites. Pourtant ce petit jeu est connu et a été dénoncé de nombreuses fois.
Donc laissons à ces 3 chercheurs le bénéfice du doute et examinons les raisons de leurs préoccupations apparues après qu’ils ont validé l’article !
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Des tests PCR différents
Dans l’étude, il y a 2 types de patients :
- Les patients positifs au test PCR
- Les patients négatifs au test PCR
Les 3 auteurs « préoccupés » expliquent que les PCR faites dans le groupe témoin à Nice et dans le groupe traitement « auraient pu être » différentes. L’utilisation du conditionnel montre que le niveau de certitude est nul ou quasi.
En fait, Valérie Giordanengo pense que « les tests PCR administrés à Nice ont été interprétés conformément aux recommandations du centre national de référence » mais elle « pense que ceux effectués à Marseille n’ont pas été réalisés avec la même technique » et elle pense que les tests de Marseille « n’ont pas été interprétés selon les mêmes recommandations »
Il est évident que Valérie Giordanengo n’en a aucune preuve surtout que l’étude et le tableau de données, qu’elle a validée en 2020, affirment l’inverse.
Elle « pense ».
C’est le niveau scientifique le plus bas qui soit.
Valérie Giordanengo a le droit de le penser. Mais avant le dénoncer comme une vérité, elle doit en être sûre au-delà du simple sentiment.
Malheureusement, Valérie Giordanengo n’apporte aucun élément !
Juste son sentiment !
Ce n’est pas une attitude acceptable venant de quelqu’un qui a validé ce travail en 2020 et qui avait donc en main toutes les informations nécessaires.
Pour continuer, Valérie Giordanengo suppose que cela « aurait entraîné un biais dans l’analyse des données »
Valérie Giordanengo montre qu’elle n’a toujours aucune preuve alors qu’elle aurait pu fournir une nouvelle analyse des données dont elle a signé leur validité.
Elle avait toutes les données…
Depuis 4 ans !
Il était normal, surtout à cette époque (mars 2020), que chaque centre ait ses réactifs, ses thermocycleurs, ses protocoles pour réaliser les PCR.
Si un individu avait un test PCR positif à Nice, Marseille ou n’importe ou ailleurs, il était considéré comme positif et devait s’isoler. Et plus tard il avait même droit à un certificat de rétablissement valable 6 mois. Personne n’a jamais discuté les paramètres techniques des tests PCR pratiqués ici ou ailleurs.
Dans l’étude de GAUTRET, le critère est l’évolution de la charge virale mesurée par PCR.
Que les techniques utilisées ne soient pas rigoureusement les mêmes ne pose pas de problèmes particuliers si on considère que les techniciens de Nice comme ceux de Marseille sont des professionnels compétents.
Il n’y a aucune raison d’en douter.
Ni même qu’ils se soient parler pour harmoniser leur procédé.
Dans le cas de l’étude, cela ne pose pas de problèmes significatifs puisqu’il ne s’agit pas de donner des résultats uniques mais uniquement des variations, des évolutions par rapport à un point de départ qui est fixé à 100%.
Et à l’évidence, même Valérie Giordanengo ne le dit pas. Elle soulève juste la question car elle est incapable de prouver un biais suffisamment important pour remettre en cause les conclusions de l’étude qu’elle a signée.
Encore une fois les arguments, les critiques faites sont infondés et surtout non démontrés.
Mais, une fois encore, cette critique infondée ne remet pas en cause la conclusion.
Leur conclusion
La conclusion de la rétractation ?
Ils se félicitent d’avoir suivi « une procédure régulière et mené à bien l’enquête ».
Et finalement, ils décident « sur la base de la recommandation du Dr. Jim Gray, en sa qualité de conseiller indépendant en éthique des publications » de retirer l’article.
Notre conclusion
Par politesse et courtoisie, nous ne discuterons pas du niveau d’expertise du Dr Jim Gray tant il est difficile de trouver des informations sur lui et notamment sur son niveau d’expertise en éthique.
En revanche, nous avons démontré que l’ensemble des critiques n’avait aucun fondement.
Que l’expert n’apporte aucun argument. Il se contente de soulever des questions en pensant que les formuler suffit à les rendre légitimes et suffisantes pour justifier la rétractation.
Il n’en est rien.
Et de loin.
Si ce n’était pas aussi grave, on pourrait en rire.
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32205204/
[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32450107/
[3] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924857920300996?via%3Dihub
[4] https://www.vidal.fr/medicaments/substances/azithromycine-5925.html