Points à retenir

    • Les analyses de la HAS sont indispensables au positionnement des praticiens.
    • Chaque nouveau vaccin COVID fait l’objet d’une analyse par la HAS.
    • Pourtant, au 25 octobre 2023, toujours rien pour le vaccin XBB.1.5.

 

 

 

La HAS est une entité à caractère scientifique créée par la loi du 13 août 2004.

La HAS exerce son activité dans le respect de trois valeurs :

  • la rigueur scientifique
  • l’indépendance
  • la transparence.

 

 

La HAS a ainsi pour mission, entre autres mais essentielle, d’aider les professionnels de santé à optimiser leurs pratiques professionnelles. [1]

 

Ce rôle est essentiel car les médecins, par manque de temps, ne peuvent pas matériellement avoir une connaissance exhaustive de la littérature scientifique. Sur certains sujets, comme celui des vaccins contre le COVID, il peut y avoir plusieurs dizaines de publications par jour. [2]

 

Pourtant le code de santé publique, notamment par l’article R4127-11, oblige les médecins à entretenir leurs connaissances et à ne pas recommander un traitement insuffisamment éprouvé, comme l’oblige notamment l’article R4127-39.

 

Les médecins comptent alors, et toujours, sur les travaux de la HAS pour se forger un jugement et adapter leur positionnement professionnel pour soigner au mieux leurs patients. Les informations de la HAS permettent aussi aux médecins de ne pas enfreindre le code de santé publique, ce qui pourrait leur valoir des sanctions de l’Ordre des Médecins.

 

 

 

Fin 2020, début 2021

 

La HAS, le 23 décembre 2020 mis à jour le 18 février, a produit un rapport concernant le premier vaccin ARNm mis sur le marché : Comirnaty de Pfizer, qui deviendra vite le vaccin très majoritairement utilisé en France. [3]

 

Grace à ce rapport et aux informations scientifiques et médicales qu’il contient, les médecins ont pu acquérir des informations essentielles avant la mise à disposition du nouveau vaccin.

Ainsi, les médecins ont pu apprendre que ce premier vaccin ARNm contre le COVID de la marque Pfizer n’avait pas prouvé

  • son efficacité sur les décès
  • son efficacité sur les formes graves
  • son efficacité sur les personnes de 75 ans et plus
  • son efficacité sur les patients atteints de comorbidités
  • son efficacité à plus long terme (supérieure à 2 mois)
  • son efficacité sur la transmission du virus
  • son efficacité chez les femmes enceintes
  • sa tolérance (effets indésirables) à plus long terme (supérieure à 2 mois)

 

Ainsi, grâce à ces informations essentielles, ces informations données par la HAS, les médecins consciencieux ont pu respecter le code de santé publique, et notamment l’article R4127-39, et ne pas recommander indument ce vaccin à la partie de leur patientèle pour laquelle les informations étaient insuffisantes.

 

Ces médecins consciencieux, toujours grâce à la HAS, ont aussi pu communiquer une information complète concernant notamment l’absence d’évaluation de l’efficacité sur les formes graves ou les décès en particulier chez les plus âgés. Les médecins ont ainsi pu respecter, par exemple, l’article R 4127-35 du code de santé publique qui impose aux médecins de communiquer une information claire et loyale.

 

 

 

En septembre 2022

 

La HAS, le 19 septembre 2022, a produit un rapport concernant le premier vaccin ARNm mis à jour à partir Comirnaty de Pfizer : le vaccin « Omicron bivalent », qui sera le booster de rappel très majoritairement utilisé en France. [4]

 

Grâce à ce rapport et aux informations scientifiques et médicales qu’il contient, les médecins ont pu acquérir des informations essentielles avant la mise à disposition du nouveau vaccin.

 

Les médecins ont pu, grâce à la HAS, savoir que le vaccin Bivalent contre le COVID de la marque Pfizer n’avait subi que des tests d’immunogénicité. C’est-à-dire que le fabricant s’était contenté de mesurer l’impact du vaccin sur le taux d’anticorps neutralisants. Aucun autre critère n’était mesuré.

 

Mais la HAS, en toute transparence et conformément à ses statuts, expliquait aussi que ce test ne reposait que sur des données pré-cliniques chez des souris. Aucun essai chez l’homme.

La HAS précisait en plus que la technique utilisée pour ces tests n’était même pas validée.

 

La HAS poursuivait en avouant qu’il n’y avait donc eu aucune étude pour montrer l’efficacité sur une infection par le COVID. Ni sur la souris, et encore moins chez l’homme.

 

Ainsi, les médecins consciencieux ont pu prendre conscience, grâce au rapport de la HAS, que l’efficacité sur la souche ciblée (Omicron) était inconnue et plus particulièrement sur

  • Les personnes âgées
  • Les personnes moins âgées
  • Les femmes enceintes
  • Les patients atteints de comorbidités
  • Les enfants

En fait il n’y avait aucune mesure d’efficacité disponible.

 

Mais les médecins ont aussi pu savoir que les effets indésirables de ce vaccin « Omicron bivalent » n’avaient pas été évalués du tout.

 

Ainsi, grâce aux informations données par la HAS, les médecins consciencieux ont pu respecter le code de santé publique, et notamment l’article R4127-39 et ne pas recommander ce vaccin à leurs patients puisque les informations étaient très insuffisantes. En fait, elles étaient totalement inexistantes et dans ces conditions, la balance bénéfice/risque était impossible à déterminer.

 

Ces médecins consciencieux, toujours grâce à la HAS, ont aussi pu communiquer une information complète concernant particulièrement l’absence d’évaluation de l’efficacité sur l’ensemble des critères (les formes graves, les décès, les plus âgés, les femmes enceintes, etc…) et ainsi respecter, par exemple, l’article R 4127-35 du code de santé publique.

 

 

 

En octobre 2023

 

La campagne de vaccination contre le COVID avec les nouveaux vaccins adaptés dits XBB.1.5 a commencé début octobre. Elle a même été avancée de 2 semaines car la situation sanitaire française était jugée préoccupante. Il est pourtant difficile de comprendre la nature de cette préoccupation lorsqu’on analyse le nombre de cas recensés en France à ce moment. En effet, il n’y a quasiment plus de cas depuis janvier. Il y en avait tellement peu que Santé Publique France a interrompu le suivi de ce paramètre en juillet 2023.

Il est de notoriété publique que le ministre recommande de subir cette vaccination en précisant que le vaccin est le plus efficace jamais mis sur le marché et qu’il n’a aucun effet indésirable. [5]

 

La question que se pose l’ensemble du monde médical mais aussi l’ensemble des patients est de connaitre la source des informations dont dispose le ministre pour faire ses recommandations.

 

En effet, sauf erreur, la HAS n’a toujours pas rendu d’avis sur les vaccins XBB.1.5 utilisés depuis début octobre 2023.

 

Pourtant, pour les raisons expliquées au début de ce texte, les médecins ont un besoin impérieux des informations habituellement fournies par la HAS.

 

 

 

En conclusion

 

  1. Il y a une grande inquiétude que la HAS abandonne ainsi les médecins au sujet d’un médicament que le ministre de la Santé, qui n’est pas médecin, recommande avec force et insistance à la population française, alors que la responsabilité de son administration repose sur les médecins…

 

  1. Il est difficile de comprendre pourquoi la HAS n’a pas été en mesure de fournir un rapport complet sur ce nouveau vaccin avant son déploiement dans les cabinets alors que la HAS avait pourtant toujours fourni un avis sur les vaccins contre le COVID.

 

  1. Cette interrogation est d’autant plus importante que les informations fournies par les fabricants sont encore plus succinctes que les précédentes et donc que leur analyse s’en trouve plus rapide.

 

En réalité, certains (ceux qui ont lu les informations proposées par les fabricants [5]) soupçonnent la HAS de ne pas rendre son avis car il irait à l’encontre des propos très favorables du ministre de la Santé sur l’utilisation de ce médicament.

 

Il est donc indispensable que la HAS fournisse enfin son analyse.

 

Et dans les plus brefs délais car sans ces informations, les médecins ne peuvent raisonnablement pas, en respect du code de santé publique et de leur éthique professionnelle, recommander cette vaccination à leur patientèle.

 

 

 

[1] https://www.has-sante.fr/jcms/c_452559/fr/la-has-en-bref

[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=COVID+vaccine&filter=years.2021-2024&sort=date

[3] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-12/strategie_vaccination_covid_19_place_vaccin_a_arnm_comirnaty_bnt162b2.pdf

[4] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/rapport_evaluation_place_des_vaccins_cominarty_bivalents_original.omicron_ba.1_et_origninal._omicron_ba.4-5.pdf

[5] https://www.conseil-scientifique-independant.org/le-nouveau-vaccin-xbb15-est-il-efficace/